Salut!
C’est vrais que ça était passé en 2000 mais j’aimerais bien qu’on partage
certains idées;-)
Sa robe avocat sur mesure toute neuve sur le bras, Roger Malalou présentait le 18
janvier 2000 à la cour d'appel de Poitiers pour ce qui doit être un des grands
moments de sa vie: la prestation de serment. Comme les 19 autres futurs
avocats, il est entouré de sa famille et de ses amis; les appareils photo et
les Caméscope sont prêts. De plus, on est à la veille de ses 45 ans et les
réjouissances qui se préparent sont à la hauteur du double événement.
Dans le ballet des robes noires, rouges et herminées, il repère Me Didier
Couret, bâtonnier de l'ordre des avocats de Poitiers. Il le salue. C'est alors
que le bâtonnier lui assène: "Il y a un problème pour vous. Le procureur
général s'oppose à votre prestation de serment car vous n'avez pas de
stage." Autrement dit, Roger Malalou n'a pas signé de contrat de
collaboration avec un avocat de la place. Autrement dit, il peut rentrer chez
lui. La fête est finie.
La loi avec lui. "On lui a fait tomber la toge avocat devant tout le
monde. Pourquoi?", interrogeait Me Christophe Moysan, son avocat, lors de
l'audience solennelle de la cour d'appel de Poitiers qui examinait cette
affaire. Selon Roger Malalou et son défenseur, les textes qui régissent la
profession d'avocat sont clairs: un candidat peut prêter serment dès lors qu'il
a été reçu à ses examens du Capa (Certificat d'aptitude à la profession
d'avocat); cette formalité est distincte de la question de la collaboration
chez un maître de stage. Et un arrêt rendu par la Cour de cassation le 13
octobre 1999 les a encore clarifiés: "...La prestation de serment, acte
différent de l'inscription au stage, n'impose pas au postulant la justification
d'une quelconque promesse de stage."
Conforté par le récent arrêt de la Cour de cassation, Roger Malalou dépose
son dossier au conseil de l'ordre le 22 novembre 1999. Le conseil se range à
ses arguments et le présente à la prestation de serment. "La Cour de
cassation me paraît avoir réglé la question de la manière la plus claire qui
soit: les deux formalités doivent être dissociées", réaffirmait le
bâtonnier devant la cour.
2000 demandes de stage. L'avocat général, lui, persiste à trouver matière à
interprétation. Certes, il se dit "navré" de la façon dont Roger
Malalou a été informé de la décision du procureur général et lui présente les
excuses de l'institution. Malgré tout, il soutient qu'il doit y avoir
concomitance entre prestation de serment et prise de fonctions. En invoquant,
au final, une raison plus économique que juridique: "Le serment sera
démonétisé si on le prête, comme ça, à toutes fins utiles, sans qu'il ait un
lien immédiat avec une activité professionnelle.".
Roger Malalou, d'origine congolaise, est de nationalité française et vit
depuis vingt-cinq ans à Poitiers. Or, sur 180 avocats, bien sur avec leurs robes avocats,inscrits au barreau de
Poitiers, seulement 4 sont d'origine étrangère. "Pourquoi ne trouve-t-il
pas de stage ? Pour des raisons économiques", lance d'abord Me Moysan, qui
profite de l'occasion pour dépeindre des cabinets en crise, asphyxiés par un
taux de TVA prohibitif. "Mais aussi parce qu'on ne sait pas intégrer les avocats
d'origine étrangère, parce que certaines clientèles n'en veulent pas. Il faut
changer les mentalités."
Le "comité de soutien" à Roger Malalou écoute. Parmi la vingtaine
de ses membres, un médecin, un chirurgien, un chimiste, un docteur en biologie.
Tous Africains d'origine. Ils se sont sentis insultés par l'épisode du 18
janvier et seront très attentifs à la décision qui sera rendue le 3 juillet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire